Mkallech , m’kalcha (au féminin) dit-on à toute personne capricieuse, ou qui est gâtée, choyée et favorirée par ses proches. cet adjectif du dialecte algérien, voire Maghrébin est très répondu et largement utilisé en Afrique du nord; pourtant on ne lui trouve aucune origine ou mot ressemblant dans l’arabe, le turc, le français ou l’espagnol ou même le berbère qui sont les principales sources desquelles est puisé ce dialecte.
La raison est simple, Mkallech n’est pas un mot mais bel et bien une personne. L’étymologie du mot « Mkallech » nous emmène a Oran au début du 18ème siècle, a l’époque un homme aux allures de prince et au look bien soigné vient de succéder a Mustapha el Manzali aux commandes de la ville, on est en 1805 et les oranais découvrent un nouveau bey arrogant, hautain, orgueilleux et au gout bien prononcé pour le luxe, c’est El Bey Mehmed Mekaliche qui n’est autre que le fils de Mohamed El Kebir, l’emblématique bey d’Oran qui avait reconquis Oran et Mers el Kébir aux espagnols.
Mehmed Mekaliche n’aura pas le parcours de son père, il livre des batailles contre des tribus locales comme les derkaoua et les Beni Amer, fait du palais de la kasbah un lieu de débauche, et s’enrichit sur le dos du peuple sans rendre des comptes a la régence d’Alger. les notables de la ville se plaignent au Dey Ahmed Pacha tout en lui glissant que le Bey Mekaliche cache un trésor constitué d’une grande réserve de Soltanis (monnaie ottomane), Mekaliche est arrêté en 1807, et sera torturé puis étranglé quelques semaines plus tard. il ne donnera jamais l’endroit ou il a caché ce trésor qui reste introuvable jusqu’a aujourd’hui malgré des recherches menées par les ottomans a l’époque et mêmes les officiers français par la suite.
Bey Mehmed Mekaliche n’aura gouverné sur la ville que deux ans, mais il aura quand même marqué a jamais l’histoire d’Oran.