À Oran, la richesse culturelle et historique se reflète à travers ses mosquées, véritables témoins d’une histoire fascinante et complexe. Ces édifices religieux, qui jalonnent le paysage urbain, ne sont pas seulement des lieux de culte. Ils incarnent aussi un héritage architectural, culturel et historique. Des minarets imposants aux mosaïques élégantes, chaque mosquée d’Oran raconte une partie de l’histoire de la ville, marquée par différentes influences allant de l’époque ottomane à la période coloniale française.
La mosquée du Pacha
Construite de 1792 à 1796, sur ordre du bey Mohamed el Kébir qui la dédia au Pacha Hassan. Ce dernier contribua financièrement à sa construction grâce dit-on, à l’argent provenant du rachat des prisonniers Espagnols. Occupée par l’armée française en 1831, elle fut par la suite rendue au culte musulman, et restaurée par l’architecte de la ville, Viala de Sorbier.
Le minaret attenant à la mosquée, construit en même temps que celle-ci, se distingue par sa forme orthogonale de type ottoman. Il fut classé bien avant la mosquée en 1906 et reste bien conservé jusqu’à ce jour.
La mosquée Imam el Houari dite mosquée du campement
Construite en 1213 de l’Hégire (1799-1800), par le bey Othman, fils et successeur du bey Mohamed el Kébir. Elle fut pendant l’époque coloniale occupée par les services militaires puis rattachée à l’hôpital militaire Baudens. Elle fut réouverte au culte musulman après l’indépendance. Elle a pour annexes les bains qui servaient de buanderie à l’hôpital.
Son minaret bien conservé, porte une inscription donnant sa date de construction. L’intérieur du Minaret est un véritable musée de graffitis laissés par les soldats qui y ont assuré la garde durant l’époque coloniale.
La mosquée du Bey Mohammed El Kébir
Construite en 1793 par le bey Mohamed el Kébir qui lui adjoint un cimetière pour la famille beylicale. La mosquée contenait les tombes du bey Mohamed El Kébir (décédé en 1799) et de son frère le bey Boukabous. Pendant les débuts de la colonisation, la mosquée fut enclavée dans un quartier militaire, où elle fut transformée en salle de bain à l’usage de la Troupe.
Elle fut menacée plusieurs fois de démolition, pendant la période coloniale, et elle ne fut sauvée une première fois, en 1892 que grâce à l’intervention énergique des notables oranais. Puis, une seconde fois en 1993, grâce à une campagne de sauvegarde menée par la Société de Géographie et d’Archéologie d’Oran. Elle avait servi, un moment de dépôt aux objets archéologiques du Musée d’Oran.
La mosquée Abdallah Ibn Salam (ancienne synagogue)
Construite à l’initiative de Simon Kanoui à partir de 1880, par souscription, elle est inaugurée en 1918. Par ses lignes de style byzantin judéo-arabe, elle évoque son grand passé biblique. Le centre de vie du quartier juif était la Grande Synagogue, Boulevard Joffre actuel Maata Mohamed el Habib. Elle était considérée comme la plus belle du monde avec celle de Turin. L’intérieur qui peut contenir plus de 1000 personnes en bas et dans les deux étages est somptueux avec ses marbres venus d’Italie. C’est aujourd’hui une mosquée : le croissant et l’étoile ont remplacé l’étoile de David. Les objets du Culte de la Synagogue ont été rapatriés à Strasbourg.
Source : La Clé d’Oran, SPOT EDITIONS, 2010