En parcourant ce matin la route menant à la grande mairie de la place 1er Novembre à Oran, je tombe, à ma grande surprise, juste à côté de l’établissement en question, sur un écrivain public. Il fut un temps où je croyais littéralement que ces métiers disons folkloriques, avaient complètement disparu, et ce surtout avec l’avènement des nouveaux moyens de communication et de la mondialisation massive, révolutionnant sur son passage l’ensemble des outils de rédaction.
Et pourtant, munis d’une table, d’une chaise, quelques feuilles volantes, une machine à écrire et un cœur des plus ouverts, ces bonhommes nous renvoient à une période chaleureuse de notre histoire, où nos grands-parents, illettrés pour la plupart, se présentaient constamment et systématiquement aux bureaux à ciel ouvert de ces écrivains qu’on connaissait sur le bout des doigts, écrivains présents matin et après-midi et en toutes saisons, que cela soit dans le contexte administratif, juridique ou même pour les rédactions de lettres personnelles.
Installés en véritables corporations et admirés de tous, ces industries de rédaction bon marché reçoivent quotidiennement des états d’âmes différents d’hommes et de femmes, allant de l’opprimé, paniqué, frustré, seul ou en détresse à l’heureux, satisfait ou reconnaissant. Tous se présentent chez eux, attendant impatiemment leur tour d’être écoutés et de se livrer enfin, sans filtre ni barrières, à leurs écrivains respectifs, dans ces espaces teintés d’une ambiance chaleureuse et professionnelle, et où le bruit des machines et histoires d’entremêlent.
Enfin, il est nécessaire de préserver, de valoriser et de promouvoir ces anciens métiers qui ont fait et font toujours le charme agréable, particulier et courtois de notre belle ville d’Oran, spécialement à une ère où le digital, en dehors de ses nombreuses vertus, pourrait contribuent négativement à provoquer un effet néfaste sur ces belles plumes, au point de causer l’extinction de ces métiers.
