La figure emblématique du paysage culturel en général et théâtral en particulier ainsi que le porte-parole du petit peuple, à savoir le seul et unique Abdelkader Alloula, dramaturge de génie au parcours flamboyant profondément enraciné dans son terroir, demeure encore aujourd’hui LA référence dans le domaine. En effet, cet illustre artiste a dédié sa vie entière au théâtre, qu’il considérait tel un moyen de lutte contre l’obscurantisme et le sous développement.
Soucieux de fournir au quatrième art les outils didactiques nécessaires pour retranscrire sur les planches la réalité ainsi que les nombreuses préoccupations de la société Algérienne, il participa, après de longues recherches, à la conception d’une nouvelle approche scénographique qui se veut plus minimaliste, mais percutante. De ce fait, cette dernière ne contient quasiment aucun décor, et s’inspire grandement de l’architecture théâtrale italien. Ainsi, naquit la Halqa, véritable essence du théâtre Oranais.
Parmi les codes de ce genre, nous citerons la disposition particulière du public en forme de cercle, profitant ainsi de la proximité pour transposer encore plus ce sentiment du réel, et brisant sur son passage toute barrière avec la fiction. Allant même parfois jusqu’à faire participer des membres de l’assistance, voire même à interagir avec eux.
Un autre point crucial caractérisant la Halqa reste bien évidemment l’aspect linguistique, toujours à la quête d’une langue intermédiaire, et ce à travers une recherche minutieuse et approfondie d’une parole puisée du terroir culturel Oranais, renforçant davantage l’aspect réaliste voire réel des pièces proposées, par le biais d’une langue à la portée de tous et utilisée dans la vie de tous les jours.
Enfin, il est plus que jamais nécessaire de continuer à célébrer la mémoire d’un artiste complet, proposant une nouvelle forme d’appréhender le théâtre en y imprégnant des pulsions de la cité, et ce par le biais d’un arabe algérien qu’il a défendu jusqu’à son dernier souffle. Son œuvre demeurera un travail interactif, ne laissant jamais indifférant et invitant constamment des intellectuels, des universitaires ainsi que des journalistes à débattre dessus.