La communauté juive d’Oran ne manquait pas de lieux de prières : la synagogue consistoriale, le kahal de la place de Naples, la synagogue Lasry, du nom de Jacob Lasry qui l’offrit à la communauté en 1863, la synagogue rabbi Youda Moatté, rue d’Austerlitz, la synagogue Ezagouri, rue de Lützen, la synagogue Haïm Touboul ouverte en 1877 rue des Pyramides (entre autres). Mais ces lieux du culte ne suffisaient plus. Trop petits et trop dispersés, ils ne favorisaient pas le rassemblement de la communauté.
C’est au cours de la séance du conseil municipal du 28 septembre 1867, dirigée par le maire Mr Floréal Mathieu que fut prévu l’emplacement de la synagogue à l’angle du boulevard Sébastopol et du boulevard Magenta. Dix ans plus tard, en 1877, las d’attendre, le consistoire israélite, se référant à cette vieille séance, décide de construire un temple. Le terrain est donné gratuitement par la ville.
La construction va se faire par souscription volontaire en Afrique du Nord, en France. Simon Kanoui fit même une tournée en Angleterre. La communauté tout entière s’employa pour que cette oeuvre puisse être enfin achevée. Il faudra attendre 38 ans pour que se réalise ce projet grandiose. Les devis ayant été largement dépassés, la municipalité participe pour clore le budget manquant.
En 1918, le grand rabbin Weil réceptionna la grande synagogue, » la plus belle d’Afrique du Nord « . Oeuvre de M. Dagne, élève de Viollet-le-Duc, elle aurait été construite (dit-on) avec des pierres de taille importées de Jérusalem. Le 12 Mai 1918, l’inauguration a lieu en présence d’une foule énorme de plus de 5000 personnes venues de tous les coins d’Algérie mais aussi de France et de l’étranger. Il n’y eut pas assez de place, mais les prières pouvaient être entendues de la rue.
Vu de l’extérieur, le bâtiment est très important. La façade où une splendide rosace dont les vitraux multicolores illuminent l’intérieur est parée de chaque côté de 2 tourelles de 20 mètres de hauteur où sont accolées deux ailes aux coupoles harmonieuses qui terminent l’ensemble.
A l’intérieur trois grandes portes surmontées de vitraux s’ouvrent sur la nef. Celle ci est séparée des bas-côtés par des arcades décorées d’arabesques et que supportent des colonnes de marbre rouge.
Le cœur est réservé au tabernacle (hekkal) portant gravé au sommet les commandements de Dieu et l’étoile de David que l’on retrouve d’ailleurs dans tous les vitraux. Au milieu de la grande Nef, la Téba, en noyer ciselé, ainsi que la chaire en pur style oriental, 900 sièges, en chêne massif, occupent le rez de chaussée.
Trente quatre ans plus tard, des travaux furent entrepris pour une remise en état du Grand Temple qui n’avait fait l’objet d’aucune réparation depuis sa construction, travaux qui devenaient urgents pour la sécurité de l’édifice et de son auditoire. Le 14 septembre 1952, le grand Temple d’Oran rénové est inauguré solennellement.
A l’Indépendance, la grande synagogue fut transformée en mosquée.
Bien plus tard Henri Chemouilli lui écrivit une ballade :
» Frères musulmans qui notre Dieu priez
Cette synagogue que tant avons chérie
Belle aujourd’hui entre vos mains passée
Appelez-la Mosquée Simon Kanoui « (extraits)
Source : Oran Mémoire