Il est clair que cette appellation ne semble pas évoquer grand-chose pour nos lecteurs, mais si vous passez par Oran, vous croiserez moins une fois croisé la route de ces artistes martiaux, croisant leurs bâtons dans ce qui semble être des combats d’entrainement, que ce soit dans des parcs publics, forêts, terrains de jeux ou même des salles de sport…
Signifiant « Le Bâton » en maghrébin, El Matrag demeure, en dehors de son statut de sport de combat traditionnel, l’art martial emblématique du patrimoine culturel algérien, et qui se pratique généralement muni d’un bâton fin et robuste, ou d’une canne comme observé durant certains combats, comme seule arme pour ses usagers et pratiquants.
Considéré comme un art martial atypique et emblématique du paysage de l’Oranie en général et de la région d’Oran en particulier, El Matrag consiste généralement en un combat opposant deux joueurs, dans un affrontement consistant à marquer des points, au nombre de 14 en tout, et ce en atteignant son adversaire sur différentes parties clés du corps (front, menton, mains…), tout en déjouant à son tour les attaques de ce même adversaire. Le tout, en se basant sur 4 bases fondamentales de cette discipline, à savoir les Tarchas Dakhlaniya et Barraniya (frappes intérieurs et extérieurs), la Lahiya (frappe inférieure) ainsi que le Ras (frappe supérieure).
De ce fait, ce qui reste le plus impressionnant à constater lors des représentations des combats de Matrag, c’est avant tout l’art de l’esquive que les sportifs semblent si bien maitriser, donnant ainsi à leur affrontement un aspect épique teinté de chorégraphies sensationnelles, et où les armes, tournoyés et virevoltés dans le ciel, ne sont plus des armes de batailles, mais plutôt des objets en symbiose, participant ainsi à donner une grâce rarement atteinte à ses sportifs.
Un art martial qui demeure aujourd’hui partie intégrante de notre culture et patrimoine oranais.