Il est assez drôle de constater de nos jours qu’une grande majorité de la nouvelle génération oranaise semble ignorer complètement l’identité ainsi que l’origine oranaise de la glace Créponné, véritable parfum emblématique dans le paysage des glaces au Maghreb en général et dans notre belle ville d’Oran en particulier. Nous avons eu donc l’idée de proposer cet article afin de clarifier cette question, et de redonner au Créponné le statut qui lui revient de droit.
Vous l’avez donc compris, il sera donc question aujourd’hui de la glace Créponné, savoureux sorbet au concentré de citron, constituant sur son passage l’un des parfums les plus adulés et appréciés par la population locale oranaise, faisant de lui le goût phare le plus demandé et réclamé au niveau des crémeries, et ce pour ses qualités ultra rafraichissantes, spécialement durant les suffocantes saisons estivales par exemple, où le contraste de la canicule extrême fait ressortir toute la fraîcheur de cette délicieuse glace.
Parfum à la texture atypique et particulière, probablement due au blanc d’œuf qu’il contient à la base, le Créponné aurait été inventé durant la période coloniale par un certain Gilbert Soriano, fils du propriétaire d’une célèbre crémerie et confiserie oranaise d’antan, crémerie qu’on appelait communément L’Oranaise, et qui était située au niveau de la rue du Vieux-Château dans le quartier de Sidi El Houari, quartier mythique et l’un des rares témoins et survivants de ce que non anciens appellent Le Vieil Oran.
Ce qui fait la particularité de ce sorbet, est le fait qu’on le prépare en le faisant bouillir, puis on y infuse un sirop contenant du sucre, du jus et des écorces de citron. On met ensuite le sirop avec le blanc d’œuf au réfrigérateur, en veillant soigneusement à le sortir toutes les 15 minutes, et ce afin de le battre au fouet, jusqu’à obtenir notre glace du jour.
Malgré cette recette qui peut paraitre assez simpliste voire même anodine à première vue, le succès fut immédiat, et le Créponné ne tarda pas à provoquer un effet de bombe, attirant la curiosité de la population locale oranaise, notamment grâce à un bouche-à-oreille des plus efficaces, procédé qui le poussera à se répandre directement par la suite sur l’ensemble du territoire national, avant de dépasser les frontières outre-mer, où il rencontrera un énorme succès en Italie en guise d’exemple.